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Note 1 US: Hi guys

> 01.09.03 4.45AM / Liège-Paris-Miami
Je ferme les portes, coupe l'électricité, descends dans la rue, pincement au coeur, mon tdm commence... c'est la rentrée.  12 kg sur le dos, 7 sur le ventre, un trolley rempli de livres et de guides au bout des doigts et vous tous que j'emmène avec moi...
> 6.30AM/ Desk Air France Gare du Midi Bxl Thalys vers CDG
Un monsieur me demande d'aider son papa de 80 ans à trouver son chemin à l'arrivée du train à CDG. Je lui pose les questions traditionnelles:
Où allez vous? A Papeete.
Pour combien de temps? 7 semaines.
Pour tourisme? pour méditer... Il a préservé la vivacité et la jeunesse de son regard, je me laisse emporter par mes propres pensées...
> 10.30AM Départ de Charles de Gaule/ Paris
L'avion est plein, retour de sportifs US des championnats du monde d'athlétisme à Paris. On annonce 26° à Miami... Je remplis un document de l'Immigration: après m'avoir demandé si je suis atteinte d'une maladie contagieuse, si je souffre de troubles psychiques, si je me drogue, si je suis une espionne ou une terroriste, si j'ai été arrêtée pour un délit réprouvé par la morale publique !?, je dois signer un disclaimer acceptant de renoncer à tout procès. D'abord des questions auxquelles on ne peut pas répondre par la vérité et ensuite la prison directement sans passer par la case départ...
> 2.00PM Miami (moins 6h, quand il est 8 heures du soir chez vous, il est 2 h de l'après-midi ici)
Formalités d'entrée longues très longues... post 11 septembre... 
> 4.00PM Miami - Greenview Hotel - Miami Beach - Art Deco District 
On peut comparer les hôtels de Miami aux marshmallows de fête vendus chez HEMA. La plage me fait penser à la Mer du Nord, de longues plages bordées de building, l'océan a la même odeur,...
Je m'acclimate en douceur en buvant une Margarita au Rose Bar du Delano (Interiors by Starck), je suis passée par la grande porte...
> La suite...
Inutile de s'attarder sur Miami qui provoque en moi une foule d'impressions contradictoires... On est à une centaine de Km de la Havane. Eldorado pour des milliers de cubains et de sud américains, la cité de Miami est pourtant numéro 1 de la pauvreté (31 % en dessous du seuil). Zoé Valdes ou Jesus Dias parlent si bien de ces cubains qui, parfois au péril de leur vie, partent pour un lendemain meilleur qui ne l'est pas toujours. Moi, j'ai pris une injection de consumérisme sur Ocean Drive: des limousines longues comme des camions, des 4x4 rutilants à chaque coin de rue, Versace, Calvin Klein, Victoria's Secret, les plus longues gambettes, les basanés les plus sexys, il y a plus de Foot Locker que de librairies... Par contre, le retour par Washington Av. m'offre l'autre extrême de Miami avec ses clochards cubains essayant de trouver un coin pour s'endormir sur le trottoir,... Parfois un son s'échappant d'un restaurant ou d'un hôtel me rappelle les cubains restés à Cuba, nos rencontres avec des vieux chanteurs à Cienfuegos, leur énergie de vie, ou l'émerveillement des pappys du Buena Vista Social Club lorsqu'ils découvrent New York pour leur concert d'un soir au Carnegie Hall. Gilberto Gil, chanteur et ministre de la Culture au Brésil et Mana (Mexique) étaient ici pour les Latin Grammy Awards, je regarde la cérémonie avec curiosité comme si je pouvais y trouver quelques éléments de réponse... mais il me faudra encore du temps...

A écouter ¯: Gloria Estefan, Mi Tierra
Pour dormir: Le Greenview , http://www.rubellhotels.com/, beau, blanc, plancher dans les chambres, oeuvres de la collection Rubell exposées dans le lobby, 70 $/nuit, accès à la piscine de l'Albion (on voit les gens qui nagent par des hublots), accès Internet gratuit, service d'une grande gentillesse, pour plus d'info Hôtels Extraordinaires, Petits Budgets, Ypma
Le Townhouse, http://www.townhousehotel.com/, très tendance, l'hôtel blanc et rouge, est un peu plus éloigné du centre et (pour le moment) à côté d'une tour en construction.

Note 2 US: La grande traversée

4.09.03: La voiture est annoncée pour le 4 à Jacksonville. J'en prendrais finalement livraison le 5 en milieu de journée. J'ai passé la nuit dans un de ces motels de bord de route à 2 étages, rose et bleu clair, un peu crado, "entre" deux camionneurs (traduisez, je les entends ronfler des chambres d'à côté), avec la guinguette au milieu du parking et des happy hours bien arrosées.
Après avoir accompli les formalités de douane et obtenu l'autorisation sur le fameux carnet de passage, la voiture est encore examinée par l'administration de l'Agriculture (n'ai-je pas emmené des germes avec moi ou un peu de vache folle? mais si je comprends bien, il semblerait surtout que ce soit le GPS qui pose question). En résumé, tout s'est très bien déroulé. La voiture, un 4x4 Nissan X-trail, est venue en roulier (roro), formule moins chère que le transport en container. En roro, la voiture est simplement fixée et doit être vide alors qu'en container, elle est protégée et vous pouvez charger vos affaires. Le coût du transport dépend du poids et de la taille du véhicule: dans mon cas, le prix était de 625 $ plus les frais de dossier pour le voyage aller. Après avoir demandé des offres à plusieurs shipping agent, j'ai retenu Geodis qui a été très proactif. En France, Allship est de très bon conseil.
5.09.03 La Grande traversée. Je quitte Jacksonville pour Los Angeles et traverse 8 états d'Est en Ouest: Floride, Alabama, Louisiane, Texas, Oklahoma, Nouveau Mexique, Arizona et Californie. 3 grandes lignes droites, seul le paysage qui défile change, des marais de Floride où on roule sur l'eau, en passant par les mégapoles sorties de nulle part comme Houston et Dallas pour arriver dans le Fer West, buriné, rouge. C'est un long convoi de trucks fonçant, U-Haul, Harley-Davidson, Vans (tirant leur Hummer ou 4x4) qui n'ont rien à envier au camion de Stéphanie, et finalement personne ne respecte vraiment les 75 miles/h. Heureusement cette fois, aucune moustache de shérif chaussé de lunettes Police à l'horizon. Je me la joue Road movie, façon Thelma et Louise, bien que Thelma me manque et qu'il y a longtemps que Brad Pitt ne traîne plus dans les motels. Coude sur le rebord de la fenêtre, du blues à fond, longues lignes droites, je ressens un immense sentiment de liberté. La route 66, que j'avais déjà traversé il y a quelques années, me coupe à nouveau le souffle de grandeur, démesure, infini, un espace sans limites, immenses déserts, montagnes, canyons, rouge,  ocre, jaune, jamais répétitif... là où la route rejoint l'horizon, j'imagine que je vais me lancer dans le vide du ciel.
1ère étape: Nouvelle Orléans (Louisiane) (moins 7 h)
Ella Fitzgerald, Armstrong, un rocking-chair, une terrasse en bois d'une maison de planteur, parquet, ventilos...
Ici, les rues s'appellent  Dauphine, Chartres, Toulouse,..., la Louisiane est française.
6.09.03 2e étape Santa Fe (Nouveau Mexique)(moins 8 h)
Le Nouveau Mexique offre à la fois les montagnes, les forêts sans fin, les déserts. Il y a 6 réserves indiennes, et le long du Rio Grande, vingt villages indiens. En roulant vers Santa Fé, on a l'impression d'atteindre une ville paroxystique. Santa Fé, la ville "à la mode" où tout le monde veut être, qui a été espagnole, mexicaine, indienne et américaine. Perchée à 2200 m, elle se caractérise par son style architectural, des maisons basses en boue séchée couleur brique qui s'enflamme avec le soleil. Elle fait partie des lieux magiques, traversés par des courants telluriques, dégageant des flux d'énergie positive. Ecrivains et artistes s'y sont installés de longue date, elle regorge de galeries.  J'étais venue pour l'Indian Market pour y trouver des bracelets en argent sertis de turquoise mais il s'est tenu il y a 15 jours.
7.09.03 3e étape Sedona (Arizona) (moins 9 h)  
Spectacle éblouissant. De Flagstaff, la route de 25 miles vers Sedona vous plonge à travers le forêt dans les profondeurs du canyon, j'arrive avec le coucher du soleil qui embrase l'ensemble. Comme Santa Fé, Sedona bénéficie de l'engouement des bobos californiens qui viennent ici pour se retrouver, méditer dans les vastes espaces, célébrer le culte de la nature, trouver l'équilibre et l'harmonie entre le corps et l'esprit. La région est un centre de convergence des énergies de la terre pour les Indiens qui y venaient depuis des millénaires. Ces zones de confluences, de magnétisme sont appelées Vortex. Le GdR vous raconte comment lorsqu'on s'assied sur un rocher, le Bell Rock, on s'envoie directement vers la Galaxie d'Andromède.

> plus de photos

8.09.03 Los Angeles

C'est à Santa Monica face au Pacifique que la Route 66 s'achève et que j'arrive à Los Angeles, après avoir traversé les champs d'éoliennes et fait une dernière halte à Palm Springs, véritable oasis au milieu du désert. Quel bonheur de se retrouver chez des amies, Bernadette et Pilou, dans leur maison de Los Angeles, maison "de charme", où il y a tout ce que j'aime, il fait doux, je suis dorlotée. Je ne sais pas comment je vais arriver à repartir, j'ai l'impression qu'il y a des petites mains qui me retiennent... Je me mets à rêver très fort de Bahia, d'Antigua, d'Oaxaca pour me donner l'impulsion. Est-ce par ce que je suis entourée de docteurs ou que j'abuse du dorlotage, mais j'en profite pour attraper tour à tour une infection de l'oreille, perdre un plombage et finalement me faire enlever une 1/2 molaire par le docteur Yi.

Ce ne sont pas mes soucis dentaires actuels qui me poussent à l'anti-américanisme, c'est ancré et cela ne s'arrache pas aussi facilement qu'une dent. Toutes mes remises en question sont sans résultat (Je dors entourée de l'Histoire des américains de Daniel Boorstin, L'obsession anti-américaine de J.F. Revel,...). Et, comme dit Bernadette, de toute façon il est plus facile en ces périodes de s'exprimer contre que pour... Je n'aime pas cette Amérique arrogante, ultra-sécurisée, marketée, sitcomisée, technicisée, cette recherche obsessionnelle de la compétition et de l'argent, le culte de l'apparence et des dents blanches,...

Mais, ce n'est pas dans cette Amérique là que je suis. Je suis dans une Amérique multiculturelle. Les américains que je rencontre ici sont d'ailleurs et ont apporté ici un morceau de leur pays d'origine; Bernadette vient de Belgique, Pilou du Laos, Ray du Mexique, Antony de Birmanie, Miguel du Mexique aussi (Los Angeles est la 3e ville au monde où il y a le plus de mexicains après Mexico et Guadalaraja), German d'Argentine sans oublier, David, américain-américain du Texas, qui transporte avec lui une manne de savoir, et Zemba qui vient du Zaïre. Je loge dans Koreatown. J'ai écouté des poésies lues dans une coffee shop de Hollywood, un chant swahili, un morceau de rap, un grattage de guitare... Nous avons passé la journée du 14 septembre à la Fête de l'Indépendance du Mexique, où mariachis, danseurs d'Oaxaca (et quelques margaritas) nous y ont transporté. Miguel nous a offert un "private concert" au restaurant en invitant des chanteurs à notre table, on a entonné en coeur Cu cu rru cu cu de Lolo Belltran, La llorona de Chavela Vargas, un morceau de Mana et un chant typique de Los Mochis. 

Et puis, c'est un pays, et c'est encore plus palpable à Los Angeles, qui donne une chance à chacun, y compris aux illégaux (3.000.000 en Californie dont 300.000 à L.A.). Ici, une assistante peut devenir responsable du marketing. Vous rencontrez des figurants, des aspirants acteurs, des futurs scénaristes, qui attendent leur chance... D'ailleurs, quand quelqu'un vous dit qu'il est acteur, vous lui demandez "dans quel restaurant?". L'air est chargé d'idées, de projets. Vous avez le sentiment que tout peut arriver, que l'avenir est une machine à sous et que si on tire suffisamment longtemps sur la poignée, le jackpot finira forcément par tomber ou exploser!

Pour boire un café: EspressoMiCultura, http://www.espressomicultura.com/
Pour vous cultiver et écouter du jazz gratuitement le vendredi: le Lacma, http://www.lacmao.org/
Un hôtel: Le Standard http://www.standardhotel.com/
Un cocktail: Sex on the beach: Vodka, liqueur de pêche, un splasch de jus d'ananas, d'orange et de cranberry, glace.

Catherine, Los Angeles, 21 Septembre 2003.